C’est avec plaisir que nous accueillons notre blogueuse invitée, Philippine Sutz. Outre à nous avoir aidé à traduire notre Cadre Conceptuel, Philippine est basée à Londres où elle travaille en tant que ‘Senior Researcher’ auprès de l’International Institute for Environment and Development. Ses domaines de recherche principaux sont l’émancipation des femmes et l’accès des femmes au foncier.
Le Consortium de Recherche, par Resource Equity, vient de publier la version française de ‘Sécurité Foncière des Femmes : un Cadre Conceptuel. Ce document, co-écrit par Cheryl Doss et Ruth Meinzen-Dick, est le premier outil du genre permettant une analyse systématique et cohérente de l’ensemble des facteurs pouvant influencer la sécurité foncière des femmes et à fournir des définitions et concepts communs.
La sécurité foncière est un moyen pour les femmes de pérenniser leurs moyens de subsistance et de contribuer au bien-être de leurs familles et de leurs communautés. Aujourd’hui, un nombre toujours plus important d’organisations entreprennent des études et interventions visant à renforcer la sécurité foncière des femmes. Ceci est une excellente nouvelle ! Cependant, il peut être parfois difficile de tirer des enseignements généraux de ces interventions – et donc de les appliquer ailleurs par la suite – dans la mesure où les éléments clés du contexte ne sont pas toujours clairement identifiés. Les concepts auxquels ces études font référence tels que ‘sécurité foncière’ ou ‘droits fonciers’ ne sont également pas toujours explicitement définis, ce qui peut prêter à confusion.
En effet, la nature des droits visés par une intervention cherchant à renfoncer la sécurité foncière des femmes peut varier selon le contexte. Dans certains pays par exemple, un individu ne peut obtenir que des droits d’usage et d’accès à la terre, tandis que dans d’autres il pourra obtenir un titre de propriété inaliénable. L’étendu de ces droits : droit d’accès, d’usage, de modification etc.. ; leur durée et leur solidité jouent un rôle clé pour garantir un certain degré de sécurité foncière. En outre, le fait que ces droits soient individuels ou collectifs peut également avoir un impact sur la sécurité foncière des femmes. Enfin, il est important de garder à l’esprit que la sécurité foncière des femmes ne se résume pas à la reconnaissance d’un droit ou à l’obtention d’un titre de propriété. Elle est également influencée par un certain nombre de facteurs dont la nature variera selon le contexte. Or, bon nombre des études ou des documents tirant les leçons d’une intervention n’analysent pas de façon systématique l’ensemble de ces facteurs, rendant ainsi malaisée une analyse comparative des études et une agrégation des leçons tirées d’études de cas individuels.
En proposant une liste des facteurs clés ayant une influence sur la sécurité foncière des femmes ainsi qu’un langage commun, le cadre conceptuel développé par le Consortium de Recherche sur les Droits Fonciers des Femmes devrait permettre aux praticiens et chercheurs de s’assurer qu’ils recueillent les informations nécessaires à la contextualisation de leur étude ou intervention. Le document propose notamment une analyse de ce que les termes ‘droits fonciers’ et ‘sécurité foncière’ peuvent recouvrir, et revient sur la notion de ‘faisceau de droits’. Il identifie également un nombre de facteurs clés pouvant avoir une influence sur la sécurité foncière des femmes tels que les normes sociales en place ou la nature des relations au sein d’une communauté donnée. Le cadre conceptuel inclue également une analyse des menaces et des opportunités existantes telles que les réformes en cours, les programmes de développement existants ou l’existence de conflits ainsi que du cadre d’intervention et des acteurs impliqués et des ressources à leur disposition.
En permettant une analyse plus systématique du niveau de sécurité foncière dont bénéficient les femmes dans un contexte donné, cet outil a le potentiel de faciliter une analyse comparative et donc une application plus aisée des enseignements tirés. Au final, ce cadre conceptuel devrait permettre aux praticiens et aux chercheurs de développer des interventions plus adaptées et plus performantes et donc contribuer à renforcer la sécurité foncière des femmes au niveau mondial.
“Women’s Land Tenure Security: A Conceptual Framework” is Now Available in French
We are pleased to introduce our guest blogger, Philippine Sutz. In addition to helping us translate the Conceptual Framework, she is a French lawyer who is based in London, and is a Senior Researcher at the International Institute for Environment and Development where she leads the Institute’s work on gender and land.
The Research Consortium, by Resource Equity, has recently published “Women’s Land Tenure Security: A Conceptual Framework” in French. This document, co-authored by Cheryl Doss and Ruth Meinzen-Dick, is the first tool of its kind to offer a coherent and systematic analysis of all the factors affecting women’s land tenure security as well as to provide some shared definitions and concepts.
Land tenure security enables women to strengthen their livelihood options and to contribute to the wellbeing of their families and communities. An ever-growing number of organizations are undertaking studies and projects aimed at strengthening women’s tenure security. This is great news! However, it can be challenging to draw broader lessons from these projects—and replicate them elsewhere—as all of the key dimensions of the context are not always clearly identified. The concepts to which these studies and projects refer to—tenure security, land rights, and so forth—are also not always clearly defined, which can be confusing.
In fact, the nature of the rights at stake in any given study or project which aims to strengthen women’s tenure security can greatly vary depending on the context. In some cases, individuals can only obtain use rights to land, whereas in other instances, they are entitled to full property rights. The breadth of these rights: right to access, use, modify; their duration; and their robustness all play a key role in ensuring tenure security. Additionally, the fact that these rights might be held individually or collectively also has an impact of women’s tenure security. Finally, it is important to bear in mind that women’s tenure security is not limited to the recognition of a right or to the registration of a title. Tenure security is affected by a number of factors, which vary depending on the context. However, most studies drawing lessons from a specific project or intervention do not systematically analyze all of these factors, making comparative analysis and aggregation of lessons drawn from individual cases quite hard.
By providing a list of key factors that affect women’s land tenure security as well as a common language, the Conceptual Framework developed by the Research Consortium on Women’s Land Rights enables practitioners and researchers to ensure they gather the necessary information in order to properly contextualize their study or intervention. In particular, the framework offers an analysis of what the terms ‘land rights’ and ‘tenure security’ may cover and it explores the notion of ‘bundle of rights.’ It also identifies and analyzes key factors which can affect women’s tenure security, such as social norms and the nature of relationships within a given community. The framework also includes an analysis of potential threats and opportunities, such as ongoing reforms, existing development programs, and conflicts, as well as the action arena and actors, including relevant stakeholders and resources.
By enabling a more systematic analysis of women’s land tenure security in any given context, this tool has the potential to facilitate comparative analysis and replication of lessons learned. Ultimately, this Conceptual Framework should help practitioners and researchers to develop better research and interventions, therefore contributing to achieve greater tenure security for women across the world.